Artracaille, l'émission !

Mardi 14 septembre 2010, de 11h à 12h30, Artracaille fera sa briffe
sur le thème : Art et illusion.
Nous lirons tout d'abord un extrait d'un article signé
Caroline Combronde et Brigitte Van Wymeersch,
dans lequel ces deux chercheuses et philosophes,
de l'université de Louvain en Belgique,
remontent le fil de la pensée occidentale liée à l'esthétique,
pour tenter de cerner le concept de mimèsis.
Ou, plus exactement, l'un de ses aspects particuliers,
celui de la relation qu'entretiennent art et nature.
Après Platon, Aristote ou encore Alberti,
nombre d'artistes et de théoriciens
ont assigné à l'art la fonction réductrice
d'imiter, de reproduire ou de mimer le donné naturel,
comme nous l'avons vu il y a peu avec Léonard.
Puis nous nous intéresserons à Samuel van Hoogstraten,
un peintre, poète et graveur du siècle d'or hollandais,
que son obsession de la perspective
conduisit à fabriquer des boîtes d'optique,
avant de faire un saut dans le temps jusqu'à Duane Hanson,
le sculpteur hyperréaliste américain,
et jusqu'à Frank Gehry, l'architecte canadien,
auteur du musée Guggenheim de Bilbao.

Mardi 21 septembre 2010, de 11h à 12h30,
Artracaille fera son couvert sur le thème :
Les nouvelles aventures de l'objet.
Nous recevrons ENFIN Guillemette,
dont vous pouvez apprécier le travail étonnant ici.
Elle crée à partir d'objets,
de vêtements ou d'accessoires qui ont une histoire,
les cherche, se les approprie, les assemble, leur redonne vie.
Nous lirons tout d'abord un extrait de Psychologie du kitsch,
d'Abraham A. Moles (1920/1992),
dans lequel ce vieux farceur cousu d'enfant,
comme l'aurait sans doute défini Witold Gombrowicz,
nous explique que le kitsch, facteur permanent de l'art,
en est aussi l'antithèse, et qu'il est la stérilisation du subversif.
Puis nous nous intéresserons au Précubisme,
au Cubisme analytique et au Cubisme synthétique,
qui se sont construits sur la représentation de l'objet.
Nous verrons que, si le Cubisme n’a pas produit d’oeuvres
rompant totalement avec la réalité,
il a ouvert la voie à l’abstraction et à l’art conceptuel.
Nous verrons aussi que la désacralisation de l’oeuvre d’art
(par Marcel Duchamp),
et la nouvelle relation à l’objet qu’elle impliquait,
ont débouché sur une nouvelle aventure de l’objet,
l'objet détourné, l'objet surréaliste.
Nous finirons par un artiste contemporain, Bertrand Lavier,
dont les subtils dispositifs de mise en scène d'objets
questionnent sur la limite entre art et non-art.

Mardi 28 septembre 2010, de 11h à 12h30,
Artracaille fera bombance sur le thème :
Critique d'art.
Nous lirons tout d'abord un extrait de Certains,
de Joris-Karl Huysmans (1848/1907),
dans lequel cet historiographe des premières campagnes impressionnistes,
qui a célébré, entre autres, Delacroix, Goya ou Turner,
roule les peintres officiels de son époque dans un gluant mépris.
Pour Félix Fénéon (1861/1944), critique d'art lui-même,
les livres que Huysmans a consacré à la critique d'art,
L'art moderne, Certains et Trois primitifs,
sont, pour leur sûreté de verdict et leur ferme exécution,
les seuls qui aient été faits sur l'art moderne.
Puis nous nous intéresserons à Gustave Moreau,
auquel Huysmans trouvait "une langue superbe, mystérieuse et neuve",
avant d'évoquer le Symbolisme,
mouvement artistique auquel ils ont appartenu tous les deux.
Nous finirons par un dessinateur, Jean-Louis Forain,
qui représente, avec Steinlein,
l'une des deux tendances de la caricature : la satire,
l'autre étant le portrait à charge.
Son trait incisif et précis évoquait avec férocité les profiteurs,
ainsi que les politiciens véreux de son temps.

Il n'y aura pas d'émission Artracaille le 05-10-2010.
Ses deux animateurs sont les membres distingués
du jury du concours national de BD 2010
organisé par le CNOUS,
qui a la mauvaise idée de se réunir ce jour-là.
Mais Maïté se propose d'assurer la rediffusion
d'une émission passée, merci à elle.

☛ Artracaille, le back-up !

Attention... Attention... Attention...
Des opérations techniques destinées
à favoriser le passage au numérique
et à recalibrer la qualité de la diffusion
vont avoir lieu ce mardi matin
dans le studio de Radio Libertaire.
Des coupures d'antenne étant plus que probables,
les animateurs d'Artracaille ont décidé
de repousser au 19 octobre
l'émission prévue sur le thème
de l'essence de l'art.
On vous espère fidèles au poste...

Mardi 19 octobre 2010, de 11h à 12h30,
Artracaille fera ripaille sur le thème :
L'essence de l'art.
Nous lirons tout d'abord un extrait de Notion générale de l'art,
de Paul Valéry (1871/1945),
dans lequel ce grand poète, consacré par le Collège de France,
analyse avec humanisme l'ensemble des disciplines dites artistiques.
Quand sur l'abîme un soleil se repose,
Ouvrages purs d'une éternelle cause,
Le Temps scintille et le Songe est savoir...
C'est par le biais de sa culture exceptionnelle, encyclopédique,
que l'immortel auteur du Cimetière marin cherche,
à travers les oeuvres des hommes, le sens et la valeur à leur accorder.
Il s'agit pour lui de répondre à la question :
"À quoi connaissons-nous qu'un objet est oeuvre d'art,
ou qu'un système d'actes est accompli en vue de l'art ?".
Et de déclarer, non sans malice,
que le caractère le plus manifeste d'une oeuvre d'art est son inutilité.
Puis nous nous intéresserons à des artistes comme Edgar Degas,
auquel il a consacré en 1938 l'ouvrage Degas, danse, dessin,
ou Berthe Morisot, avec laquelle il avait un lien familial.
Nous finirons par l'Abstraction lyrique,
un mouvement collectif des années 50 que l'on peut voir
comme l'expression directe de l'émotion individuelle.

Mardi 26 octobre 2010, de 11h à 12h30,
Artracaille fera ripaille sur le thème :
Art et propagande.
Nous recevrons Gérard Vidal, photographe et cinéaste,
qui fait un gros travail pour la mémoire des luttes sociales.
Nous lirons tout d'abord un extrait de Propaganda,
ou Comment manipuler l'opinion en démocratie,
de Edward Bernays (1891/1995),
dans lequel ce grand sensible, identifié par le magazine américain Life
comme l'un des personnages les plus influents du XXe siècle,
nous assène qu'une foule ne doit pas être considérée comme pensante.
Le fondement de sa doctrine était qu'une minorité intelligente
doit avoir tout le pouvoir démocratique,
et que la masse populaire doit être modelée pour l'accepter.
Il a été l'un des premiers à vendre des méthodes d'utilisation
de la psychologie du subconscient,
dans le but de manipuler l'opinion publique.
Toute ressemblance avec un ex-dirigeant de TF1
vendant du temps de cerveau disponible aux multinationales
serait bien évidemment fortuite...
Il est d'ailleurs à noter que le ministre de la propagande nazie,
Joseph Goebbels, s'est fortement inspiré de ses travaux.
Puis nous évoquerons l'art officiel sous tous les régimes politiques,
mais aussi les artistes futuristes italiens,
dont beaucoup se sont compromis auprès de Mussolini,
avant de nous intéresser au sculpteur René Iché,
qui fut une grande figure de la Résistance.

Mardi 2 novembre 2010, de 11h à 12h30,
Artracaille fera ripaille sur le thème :
Métaphysique de l'art.
Nous recevrons Sylvie Bernard, photographe,
qui offre à nos rétines saturées de couleurs
une vision noir et blanc très personnelle
des rades de Pantruche ou de New York, du Maroc.
Nous lirons tout d'abord un extrait de
Du tableau au texte de Juliette Bertron,
une jeune doctorante en histoire de l'art à l'université de Bourgogne
que nous avions reçue à l'émission le 24 novembre 2009,
et qui analyse ici Conspiration de Victor Brauner,
une toile qui date de 1934.
Elle l'a choisie pour illustrer la couverture du Cinna de Corneille,
publié chez Gallimard dans la collection Folioplus classiques.
Vous verrez à cette occasion, grâce à la limpidité du texte,
que la compréhension d'un tableau peut aider à saisir
le sens profond d'une tragédie théâtrale.
La métaphysique, dont l'expression a été créée par Andronicos de Rhodes
pour désigner la philosophie d'Aristote,
a été perçue par les surréalistes,
dans le sillage de Giorgio de Chirico et de Pittura metafisica,
comme une possibilité de renouveler l'art de la peinture.
Pour Chirico, par delà les apparences visibles,
l'artiste se devait de révéler la signification cachée des choses.
Et nous en profiterons pour aborder quelques peintres
qui se sont illustrés au sein de ce courant d'art.

Attention... Attention... Attention...
Attention, Maïté ayant eu un gros accident
et Jean souffrant d'une lombalgie,
l'émission prévue ce matin est reportée
au mardi 7 décembre 2010...

Mardi 16 novembre 2010, de 11h à 12h30,
Artracaille fera ripaille sur le thème :
Art et politique.
Nous recevrons Juliette Planque, peintre, graveure,
auteure et illustratrice de livres de jeunesse,
qui s'est beaucoup impliquée dans la défense
des droits d'auteurs des artistes plasticiens.
Nous lirons tout d'abord un extrait du
Manifeste du Futurisme, de Filippo Tommaso Marinetti,
dans lequel ce poète et écrivain italien ne proclame rien moins
que l'avènement irrésistible d'une nouvelle esthétique
de la vitesse et de la modernité industrielle.
Pour lui, une automobile rugissante est plus belle
que la Victoire de Samothrace, ce qui est tout à fait défendable.
Malheureusement, cette sympathique exaltation l'amènera,
par amour de la force, à glorifier la guerre, dénoncer le féminisme,
et soutenir le régime fasciste de Mussolini, ce qui l'est nettement moins.
Mais nous verrons qu'il ne fut pas le seul, au sein du Futurisme.
Puis nous aborderons le sculpteur René Iché,
dont l'atelier sis au 55 de la rue du Cherche-Midi
servit de boîte aux lettres aux Forces françaises libres,
avant d'évoquer le Cinéma engagé des années 70,
avec des cinéastes tels que Milos Forman, Richard Lester,
mais aussi Godard, Malle, Truffaut ou encore Resnais.

Mardi 23 novembre 2010, de 11h à 12h30,
Artracaille fera ripaille sur le thème :
La pensée sauvage.
Nous lirons tout d'abord un extrait d'un
texte du même nom de Claude Lévi-Strauss,
paru au milieu des années cinquante,
et qui est aujourd'hui considéré comme ayant eu
une influence décisive dans le domaine des sciences sociales.
Le grand ethnologue structuraliste y esquisse
une théorie anthropologique de l'art,
par le biais d'une « lecture » d’un tableau de Clouet.
Tout le monde sait que l'artiste tient à la fois du savant et du bricoleur,
qu'avec des moyens artisanaux il confectionne un objet matériel,
qui est en même temps objet de connaissance...
Puis nous vous raconterons des histoires d'art « sauvage »,
comme celle de cette Tête de guerrier maori momifiée et tatouée,
que le directeur du Muséum d'histoire naturelle de Rouen
avait décidé de restituer à la Nouvelle-Zélande,
avant que ministère de la Culture interdise cette restitution,
au motif que la tête fait partie des collections publiques,
et qu'elle est donc de ce fait « inaliénable ».
Ou celle du Plancher de Jeannot le Béarnais,
qui grava sur des lames de bois le manifeste de ses écorchures,
ou celle encore du mouvement italien Arte Povera,
dont les artistes privilégient le geste créateur,
au détriment ou plutôt au bénéfice de l’objet fini.

Les animateurs d'Artracaille participaient,
ce vendredi sur Radio Libertaire,
à une émission spéciale consacrée
à l'Art dans les luttes.
Vous pouvez en écouter un court extrait ici :

Mardi 30 novembre 2010, de 11h à 12h30,
Artracaille fera ripaille sur le thème :
Abolition de l'art.
Nous lirons tout d'abord un extrait de
Que faire de l'art ? de Alain Jouffroy,
dans lequel ce grand poète et écrivain français,
qui fut exclu du groupe surréaliste pour « travail fractionnel »,
nous dit que le seul art qui reste à inventer est l'art de faire la révolution.
Que cela peut commencer par un livre, par un tableau et par un film,
mais que ce livre, ce tableau et ce film doivent être,
pour la première fois, faits par tous, donc par UN.
L'abolition de l'art a pour fonction première de ruiner
toutes les mythologies culturelles sur lesquelles les pouvoirs
cristallisent l'image de leur propre supériorité,
de leur propre intelligence : l'art est le fauteuil dans lequel
s'assied l'État pour se plaire à lui-même.
Puis nous nous intéresserons à la trajectoire de Jouffroy,
toujours tendue entre autonomie poétique et action collective,
avant d'aborder un artiste transgressif qui fut son ami, Yves Klein,
aujourd'hui considéré comme l'un des plus importants protagonistes
de l'avant-garde artistique de l'après-guerre.
Nous aborderons, pour finir, les artistes d'Arte Povera,
dont la stratégie élaborée sur le modèle de la guérilla
défie l'industrie culturelle de notre société de consommation.

Mardi 7 décembre 2010, de 11h à 12h30,
Artracaille fera ripaille sur le thème :
De la beauté intelligible.
Nous lirons tout d'abord un extrait des Ennéades de Plotin,
dans lequel ce fondateur de l'École néoplatonicienne de Rome,
que nous avions déjà évoqué le 19 mai 2009,
nous dit que ce que nous sentons comme beau
n'est pas la chose sensible elle-même,
mais la réalité invisible qu'elle porte en elle.
Il est beaucoup question d'âme chez Plotin,
mais chacun d'entre vous saura donner à ce mot
le sens et la valeur qui lui conviendront.
Puis nous aborderons un mouvement par lequel ses participants
espéraient trouver une vérité en eux-mêmes,
ou dans le geste de peindre, l'Abstraction lyrique.
Enfin nous approcherons l'un des pionniers de ce mouvement,
l'artiste allemand Wolfgang Schulze, dit Wols,
qui dut se réfugier en France pour échapper au nazisme,
avant d'évoquer Victor Brauner, le peintre de Conspiration.

Mardi 14 décembre 2010, de 11h à 12h30,
Artracaille fera ripaille sur le thème :
« Autonomie » de la culture.
Nous lirons tout d'abord un extrait de
La Société du spectacle, de Guy Debord,
dans lequel le fondateur de l'Internationale situationniste,
qui tout jeune se réclamait de Cravan et Lautréamont,
esquisse avec une remarquable acuité un portrait au vitriol
de notre société du tout quantitatif,
bien plus réaliste encore aujourd'hui qu'il ne l'était hier.
Pour Guy Debord, dès 1967, la logique de la marchandise
s'étend à tous les aspects de la vie quotidienne.
La part de loisir dégagée par l'évolution technique,
loin de susciter des libertés supplémentaires,
débouche sur l'expansion du spectacle,
propulsant des besoins factices sans cesse renouvelés,
soumettant nos vies à des représentations manipulées et falsifiées,
devenues notre pathétique rapport au monde.
C'était plusieurs années avant que le premier micro-ordinateur
ne fasse entrer l'informatique dans nos foyers,
et à l'heure des iPhone, iPod et autres iPad,
ce don pour la prospective laisse pantois.
Nous en profiterons ensuite pour brosser son portrait,
et nous verrons que le problème pour que survive sa pensée,
c'est qu'aujourd'hui les agents de cette société du spectacle,
qu'il vilipendait, sont les premiers à se réclamer de lui,
sans en avoir jamais lu une seule ligne.
Nous finirons par une évocation non exhaustive
du cinéma « engagé » des années 70.

Mardi 21 décembre 2010, de 11h à 12h30,
Artracaille fera ripaille sur le thème :
Ébauche de l'art.
Nous recevrons Estelle, céramiste,
dont vous pouvez apprécier le beau travail ici ☜.
Nous lirons tout d'abord un extrait de
L'art et l'homme, de André Leroi-Gourhan (1911-1986),
dans lequel cet ethnologue, archéologue et historien,
spécialiste de l'art pariétal paléolithique,
cherche à répondre à la question :
À partir de quand l'homme est-il homme ?
Si nous savons que l'humanité a produit des oeuvres d'art
dès l'homo sapiens, rien ne nous interdit d'espérer,
en remontant dans l'échelle des anthropiens,
que les objets rudimentaires produits
par les premiers hominidés ont répondu tout autant
à un besoin esthétique que pratique.
Y a-t-il un art des origines ?
Sans aller jusqu'à oser parler de jouissance esthétique,
la question est absolument fondamentale,
parce qu'elle nous amène à réfléchir sur ce qu'est l'art,
et qu'elle nous force à regarder bien au-delà
du bout du nez ou du nombril de nos propres oeuvres.
Puis nous aborderons les Vénus du Paléolithique,
dont la fonction exacte n'est pas connue.
Brassempouy, Lespugue, Willendorf...
Au-delà de l'univers rituel évolué qu'elles révèlent,
elles prouvent d'abord les aptitudes mentales des homo sapiens.
Avant, pour finir, d'évoquer Alberto Giacometti (1901-1966),
qui immortalisa en sculpture L'homme qui marche,
mais qui ne cessa, dans ses dessins et peintures "immobiles",
de tenter par l'ébauche de saisir la permanence de l'être.

Mardi 28 décembre 2010, de 11h à 12h30,
Artracaille fera ripaille sur le thème :
Intimité de la peinture.
Nous lirons tout d'abord un extrait de
Alors, vite ! Christian Bouillé, de Alain Jouffroy (né en 1928),
dans lequel ce grand poète, proche des surréalistes,
tente de nous faire partager sa passion pour l'art d'icelui.
...La peinture de Christian Bouillé
nous rend les choses les plus lointaines aussi familières,
aussi secrètement intimes que notre propre corps,
notre manière de regarder la rue où nous marchons,
notre façon de capter un regard...
Elle survole des champs de ruines, mais elle ne recule pas,
elle ne rampe pas, parce que le sens est toujours
en avant, là-bas, plus loin, ailleurs...
Puis nous évoquerons Christian Bouillé (1948/2005) lui-même
qui, dès l'adolescence, saura qu'il ne désire qu'une chose,
devenir peintre, et qui fuira l'internat dans le seul but
de visiter le Prado, à Madrid, avant d'être arrêté à la frontière.
Pour finir, nous aborderons Alberto Giacometti (1901-1966),
universellement connu comme sculpteur,
mais qui ne cessa, dans l'intimité de ses modèles,
par un emploi inlassable du dessin et de la peinture,
de chercher à saisir la ressemblance,
qui signifait pour lui la découverte du monde extérieur.

Mardi 11 janvier 2011, de 11h à 12h30,
Artracaille fera ripaille sur le thème :
Éthique de l'art.
Nous lirons tout d'abord un extrait de
La musique et l'ineffable, de Vladimir Jankélévitch (1928/1985),
dans lequel ce grand philosophe, également musicologue,
témoigne de la précarité de l'existence humaine.
Pour lui, la vie, « parenthèse de rêverie dans la rhapsodie universelle »,
n'est peut-être qu'une « mélodie éphémère » découpée dans l'infini de la mort.
Ce qui ne renvoie cependant ni à son insignifiance, ni à sa vanité.
La musique, fantasme sonore, est la plus vaine des apparences, et l'apparence,
qui sans force probante ni déterminisme intelligible persuade sa dupe éblouie,
est en quelque sorte l'objectivation de notre faiblesse...
Puis nous évoquerons des artistes contemporains hantés
par la vie, la mort et la représentation du monde :
Miguel Barceló (né en 1957), dont un voyage en pays Dogon
a bouleversé la vie comme la création,
Pedro Cabrita Reis (né en 1956), dont tout le travail porte les traces
d'une pensée ancienne dont l'homme est le paradigme,
et enfin Jan Fabre (né en 1958), dont l'œuvre polymorphe,
marquée par la transgression, ne cesse de susciter
tant la controverse que l'admiration.

Mardi 18 janvier 2011, de 11h à 12h30,
Artracaille fera ripaille sur le thème :
L'art contre la marchandise.
Nous lirons tout d'abord un extrait de
Vivre sans vendre (1968), de Raymonde Moulin (née en 1924),
dans lequel cette grande sociologue, qui a fondé et dirigé
le Centre de sociologie du travail et des arts,
nous dit que le marché de l'art contemporain ne fonctionne
plus comme une juxtaposition de marchés nationaux
communiquant plus ou moins bien entre eux,
mais comme un marché mondial dans lequel chaque espace
artistique national est inséré dans un système global
d'échanges culturels et surtout économiques.
Lorsque le haut fonctionnaire, le magistrat, l'artiste, le savant
sont dominés par l'esprit de gain,
la société croule et toute forme d'économie est menacée...
Puis nous évoquerons un artiste du consumérisme,
James Rosenquist (né en 1933), dont l'oeuvre
appartient entièrement à notre époque : de l'aliment surgelé
à la fusée interplanétaire, toutes les informations
ont pour lui une valeur égale dans l'exercice de la vie quotidienne.
Avant d'aborder un plumitif bourlingueur, Blaise Cendrars,
premier commentateur de la modernité, qui partagea avec les plasticiens
une même vision simultanéiste d'un temps en pleine mutation,
selon les mots de notre ami le poète Patrice Delbourg,
qui lui a consacré un livre, L'odyssée Cendrars, à découvrir ici ☚
à l'occasion du cinquantenaire de sa mort.
Pour finir avec François Rouan, dont l'oeuvre expérimentale
se poursuit avec une extrême exigence intellectuelle,
sans se préoccuper des lois du marché,
un peu comme si l'artiste avait devant lui l'éternité...

Mardi 25 janvier 2011, de 11h à 12h30,
Artracaille fera ripaille sur le thème :
Le beau mensonge.
Nous recevrons Marie-Christine Béguet, artiste protéiforme,
dont vous pouvez apprécier le travail ici ☚.
Nous lirons tout d'abord un extrait de
Promenades dans Rome (1829),
de Henri Beyle dit Stendhal, dans lequel le grand écrivain
nous décrit le Jugement Dernier, peint en six ans
sur le mur de l'autel de la Chapelle Sixtine par Michel-Ange,
à la demande du pape Clément VII.
Jésus-Christ n'a point la beauté sublime d'un Dieu,
ni-même la physionomie impassible d'un juge ;
c'est un homme haineux qui prend plaisir
à condamner ses ennemis...
Un ouvrage d'art n'est qu'un beau mensonge...
Existe-t-il seulement un seul lycéen ou étudiant français
qui n'ait pas un jour sué sang et encre sur cette dernière phrase ?
Puis nous évoquerons des artistes qui se sont demandés
comment approcher la vérité dans leur art.
Les architectes Gottfried Semper, Otto Wagner et Adolf Loos,
qui se refusaient tous à masquer les nouveaux matériaux
sous de fausses et trompeuses apparences.
Le peintre Pablo Picasso et le cinéaste Orson Welles,
pour lesquels l'art était un mensonge qui dévoile la vérité.
Et enfin l'écrivain Oscar Wilde, qui dans La décadence du Mensonge,
et avec une parfaite mauvaise foi, nous dit que l'art est notre
noble protestation pour remettre la nature à sa place.

Mardi 1 février 2011, de 11h à 12h30,
Artracaille fera ripaille sur le thème :
L'art au peuple.
Nous lirons tout d'abord un extrait de
Les Peintres au charbon (2008), de Lee Hall,
dans lequel ce dramaturge, scénariste du film Billy Elliot,
met en pièce l'histoire véridique de mineurs britanniques qui,
dans les années 30, furent initiés à l'histoire de l'art.
Mais leur groupe abandonna vite la théorie pour la pratique,
avec une grande réussite pour certains.
On fait de l'art avec nos vies.
Y'a rien de meilleur.
Personne ne nous dit ce qu'on doit peindre.
On est nos propres chefs...
Puis nous évoquerons Henry Moore, fils d'un mineur du Yorkshire,
qui deviendra le plus grand sculpteur de son époque,
Édouard Pignon, natif de Bully-aux-Mines,
qui s'engagea comme galibot avant de se mettre au dessin,
et enfin le Van Gogh des premières années,
qui s'était installé dans le borinage avec la volonté d'évangéliser
ceux dont il partageait les conditions de vie précaires.
Toute l'émission sera illustrée musicalement
par des chansons issues de l'album Renaud cante el' Nord.
Ej' passe mes vacances tout in haut de ch'terril...

Mardi 8 février 2011, de 11h à 12h30,
Artracaille fera ripaille sur le thème :
La vie imite l'art.
Nous lirons tout d'abord un extrait de
Le Déclin du mensonge (1891), de Oscar Wilde (1854/1900),
dans lequel le grand écrivain anglais, un peu à la manière de Platon,
mais avec un brin d'emphase, défend sa vision radicale de l'art.
Pour lui, la vie en elle-même est rude, monotone,
pleine de défauts que l'art heureusement transcende,
parce qu'il vise la perfection et le sublime.
En affirmant que l'art consiste à imiter la vie, réalistes et naturalistes
prouvent qu'ils ne comprennent rien à ce que doit être l'art.
Leur mensonge ne peut qu'être condamné au déclin.
Balzac n'était pas plus réaliste que Holbein.
Il créait de la vie, il ne copiait pas la vie...
Quoique cela semble un paradoxe,
il n'en est pas moins vrai que la vie imite l'art,
beaucoup plus que l'art n'imite la vie...
Puis nous évoquerons l'artiste naturaliste Francis Tattegrain,
qui ne cherchait qu'à peindre l'existence rude et ordinaire
des pêcheurs de Berck et de la baie d'Authie,
mais que son succès fera classer parmi les « pompiers »,
ou encore Henri Le Sidaner, qui évoluera d'un réalisme « sentimental »
à une peinture intimiste à la limite du symbolisme.

Mardi 15 février 2011, de 11h à 12h30,
Artracaille fera ripaille sur le thème :
Sacro-sainte réalité.
Nous lirons tout d'abord un extrait de
La Quête de la réalité (1966), de Edouard Pignon (1905/1993),
dans lequel cet artiste, que nous avions évoqué le 01-02-2011,
nous invite à suivre sur ses pas la démarche du peintre,
à vivre son travail de l’intérieur et à lire son oeuvre,
ce qui représente sans doute la plus précieuse
et la plus difficile de toutes les entreprises.
Le froid jouait son rôle dans la toile.
Quand il fait froid, j'ai l'impression que la forme
est plongée dans une sorte d'étouffement.
Il me semble que les formes sont givrées.
La palette devient froide elle aussi...
Puis nous évoquerons le courant pictural dit courant réaliste,
alors qu'il n'y a sans doute pas, dans le domaine des arts visuels,
de terme plus imprécis et surtout plus ambigu,
trois fameux peintres de la réalité, les frères Le Nain,
qui formaient une association si étroite qu'ils signaient
de leur seul patronyme les oeuvres sorties de leur atelier,
et enfin le jeune sculpteur coréen Gwon Osang,
qui réalise un fascinant travail de remise en espace,
jusque là sans équivalent dans l'histoire de l'art.

Mardi 22 février 2011, de 11h à 12h30,
Artracaille fera ripaille sur le thème :
La vie d'artiste.
Nous recevrons Guillemette, plasticienne,
et Sylvie Hennequin, auteur,
qui viendront nous parler d'un événement auquel elles participent,
De l'objet qui déborde à la création qui dégage,
une vente éphémère, chez les compagnons d'Emmaüs,
de créations uniques à partir d'objets de seconde main.
Nous lirons tout d'abord un extrait du roman
Le plus grand peintre vivant est mort (2007), de Pierre-Jean Rémy,
dans lequel cet écrivain, qui dirigea la Villa Médicis de 1994 à 1997,
puis la Bibliothèque nationale de France de 1997 à 2002,
cherche à sonder les mystères d'une existence et d'une oeuvre,
en recréant celui qui bâtissait l'une et possédait l'autre.
Toute ressemblance avec Balthasar Klossowski, dit « Balthus »,
qui fut l'un de ses prédécesseurs à la Villa Médicis,
ne peut être considérée comme fortuite,
l'auteur sachant d'expérience que la fiction
est sans doute le meilleur chemin pour mener au réel.
Pour comprendre Mathias (Balthus),
il fallait remonter très loin, à l'enfance berlinoise,
aux premières rencontres avec Aschenbach (Rilke)...
Puis nous évoquerons le peintre mystérieux des paradis perdus
et des jeunes filles abandonnées, Balthus soi-même,
dont la vie fut ce qu'il voulait qu'elle soit,
un volume ancien avec reliure et serrure à combinaison,
dont nul n'a connu et ne connaîtra jamais le chiffre.

Mardi 1 mars 2011, de 11h à 12h30,
Artracaille fera ripaille sur le thème :
Art et technique.
L'avait l'don, c'est vrai j'en conviens, l'avait l'génie-eu
Mais sans technique un don n'est rien qu'une sale manie-eu
Certes on ne se fait pas putain comme on s'fait nôônne
C'est du moins c'qu'on prêche en latin à la Sorbôôôône...
Nous lirons tout d'abord un extrait du beau texte éponyme
de Pierre Francastel, publié en 1956 par les éditions de Minuit.
Ayant établi que l'art, comme toute autre activité fondamentale,
est inséparable lui-même d'une certaine technicité,
aussi bien sur le plan de la pratique manuelle
que sur le plan de l'organisation intellectuelle...
Puis nous évoquerons un peintre venu du peuple, Vélasquez,
qui fut considéré comme un seigneur parmi les artistes,
et que le XIXe siècle consacra comme "le peintre des peintres",
par le biais de son chef d'oeuvre Les Ménines,
dont nous décoderons chacun des éléments y figurant.
Vélasquez faisait se juxtaposer deux techniques :
le fond était traité de manière expéditive, à grands traits,
tandis qu'il réservait une texture élaborée, finement granuleuse,
aux objets ou êtres sur lesquels il souhaitait limiter l'attention,
les enveloppant ainsi d'une sorte de vapeur lumineuse.

Mardi 8 mars 2011, de 11h à 12h30,
Artracaille fera ripaille sur le thème :
L'art et la mort.
Nous lirons tout d'abord un extrait de Le Nez de Giacometti,
de Jean Clair, publié en 1992 par Gallimard,
dans lequel ce conservateur général du patrimoine,
ancien directeur du musée Picasso de Paris,
auquel ses pamphlets atrabilaires contre l'art contemporain
et notamment son mercantilisme ont valu d'être taxé de réactionnaire,
nous convie à enrichir notre approche des oeuvres d'art
par le biais de l'anthropologie, du folklore, de la psychanalyse,
de la biologie et, plus traditionnellement, d'éléments biographiques.
Les Contes de Perrault, le Pinocchio de Collodi,
les rituels carnavalesques de l'Italie du Nord, la chirurgie esthétique,
les mutilations sacrificielles, sont ainsi convoqués pour éclairer notre lecture
de l'oeuvre d'Alberto Giacometti, qui adhéra au groupe surréaliste,
mais que son obsession du sexe et de la mort
rapproche plutôt d'un Georges Bataille ou d'un Pablo Picasso,
tous deux fascinés par la transgression et la cruauté.
Nous en profiterons pour évoquer la figure de Dora Maar,
peintre et photographe, dont la relation avec Picasso
a très injustement éclipsé la totalité de l'oeuvre.

Mardi 15 mars 2011, de 11h à 12h30,
Artracaille fera ripaille sur le thème :
L'art et la liberté.
Nous lirons tout d'abord un extrait de Le Paradis - un peu plus loin,
de Mario Vargas Llosa, publié en 2003 par Gallimard,
dans lequel le grand écrivain péruvien, prix Nobel en 2010,
nous raconte les destins entrecroisés
de Flora Tristan la militante ouvriériste et féministe
et de son petit-fils le peintre Paul Gauguin,
qui deviennent sous sa plume latino-américaine
Florita l'Andalouse et Koké le Maori,
deux libertaires fondamentaux, passionnés,
hantés par une quête de l'absolu qui les vouera à la tragédie.
Pour avoir désespérément voulu bâtir le Paradis,
la militante et l'artiste connaîtront l'enfer,
et ce sont toutes les utopies des XIXe et XXe siècles
que nous voyons défiler avec leurs vies.
Nous en profiterons pour vous raconter les secrets
d'un autre monument de la culture latino-américaine,
Le Rêve d'un dimanche après-midi dans le parc de l'Alameda,
immense fresque de 15 mètres de long et cinq mètres de haut,
réalisée en 1948 par le peintre mexicain Diego Rivera.

Mardi 22 mars 2011, de 11h à 12h30,
Artracaille fera ripaille sur le thème :
Le champ culturel.
Nous recevrons Nathalie Pradel,
qui dirige la Maison des Arts de Bagneux (92).
Nous la questionnerons sur son cursus,
et sur son activité au sein de ce centre d'art contemporain.
Conçu comme un lieu de vie et d'échanges culturels,
qui accueille et initie tous les publics à l'art,
notamment par le biais de ses ateliers de pratiques artistiques,
ce centre accueille aussi plusieurs manifestations par an,
comme l'exposition de street art visible actuellement,
Des fleurs sauvages sur le béton.
Nous lirons tout d'abord un extrait de
Champ culturel et formation artistique,
de Pierre Gaudibert, publié après les événements de mai 68,
dans lequel ce penseur et écrivain (1928/2006),
également conservateur de musée et critique d'art,
nous fait partager sa conviction de la nécessité constante
de bousculer le système existant.
Si nous essayons de résumer le concept de champ culturel,
en ce qui concerne les arts plastiques,
nous dirons qu'il s'agit d'un système de relations sociales
où chaque agent ou groupe d'agents se définit
par une position d'appartenance à un ensemble,
qui n'est jamais la simple addition d'individus juxtaposés.
Nous verrons aussi qu'il fut le créateur, au MAM de Paris,
de la section Animation-Recherche-Confrontation,
dont le but était d'atteindre la nouvelle classe moyenne française.
C'est l'ARC qui fit entrer au musée la musique, la poésie, les images,
c'est Pierre Gaudibert qui en fit un lieu vivant, ouvert.

Mardi 29 mars 2011, de 11h à 12h30,
Artracaille fera ripaille sur le thème :
Une touche de noir.
Nous lirons tout d'abord un extrait de
Duma Key, de Stephen King, publié en 2008,
dans lequel l'auteur de Carrie, Shining ou encore Dead Zone,
grand maître du roman noir et d'épouvante,
nous conte la métamorphose, suite à un grave accident,
d'un entrepreneur du bâtiment en artiste peintre de talent.
Mais, on connaît la fascination de l'écrivain pour le paranormal,
les tableaux du peintre auront des conséquences sur le monde réel...
Prenez une surface blanche.
Pas nécessairement du papier ou une toile.
Nous disons blanc parce qu'il nous faut un mot,
mais son vrai nom est rien.
Le noir est l'absence de lumière,
mais le blanc est l'absence du souvenir,
la couleur de l'impossibilité de se remémorer...
Certains y verront une référence à des événements tragiques
survenus dans la propre vie de l'écrivain,
d'autres y verront une métaphore du coût humain
d'un art pratiqué avec passion et sans réserve.
Puis nous vous dirons ce que nous savons sur Monsù Desiderio,
pseudonyme de deux peintres lorrains du XVIIe siècle,
auteurs d'une oeuvre colossale qu'André Breton considérait
comme « précursoeur » du surréalisme.

Mardi 5 avril 2011, de 11h à 12h30,
Artracaille fera ripaille sur le thème :
L'art en herbe.
Nous recevrons Agnès Martin, artiste peintre,
qui nous parlera des ateliers pour enfants qu'elle anime,
au sein d'une structure associative de la porte de Bagnolet.
Nous lirons tout d'abord un extrait du manifeste artistique
Refus global, du peintre abstrait Paul-Émile Borduas, publié en 1948,
dans lequel l'auteur propose de jeter aux quatre vents
les oripeaux conservateurs et les valeurs morales
de la société québécoise de son temps.
L'élite reprend la mer ou se vend au plus fort.
Elle ne manquera plus de le faire
chaque fois qu'une occasion sera belle.
Un petit peuple serré de près aux soutanes restées les seules dépositaires
de la foi, du savoir, de la vérité et de la richesse nationale...
Nous verrons que ce manifeste décapant, pour ne pas dire radical,
a été signé par sept femmes et à peine plus d'hommes,
artistes, mais aussi auteurs, et par un psychiatre.
Le peintre Jean-Paul Riopelle était l'un d'entre eux.
Nous vous conterons, pour finir, l'histoire du Musée en herbe,
qui se poursuit depuis trente ans au coeur de Paris,
et dont le but est de favoriser l'accès à l'art et à la culture
à des enfants qui, par le biais d'expositions et d'ateliers
conçus pour eux, les découvrent en s'amusant.

Mardi 12 avril 2011, de 11h à 12h30,
Artracaille fera ripaille sur le thème :
Édition d'art.
Nous recevrons les éditions de La Différence, maison fondée en 1976,
qui poursuit depuis ses débuts une politique éditoriale courageuse,
centrée sur l'art contemporain et la poésie internationale.
Nous lirons tout d'abord un extrait d'un texte de Michel Conil Lacoste,
Tinguely, l'énergétique de l'insolence, publié en 1989,
dans lequel l'auteur tente d'isoler les mobiles profonds de l'artiste.
Selon lui, Tinguely n'a inventé ni la réhabilitation du rebut,
ni même la sculpture en mouvement.
Son originalité est en fait d'avoir rapproché d'une part
le réalisme du déchet, d'autre part le cinétisme.
Puisque le tableau ne se laisse pas terminer,
il n'y a qu'à le rendre interminable.
Interminable parce que mis en mouvement,
et par là perpétuellement recombiné, jamais plus le même,
jamais plus « pétrifié » en lui-même...
Nous en profiterons pour évoquer, comme nous l'avions fait en 2009,
les figures croisées de Niki de Saint-Phalle et de Jean Tinguely,
qui comptent certainement parmi les artistes plasticiens
les plus originaux produits par le XXe siècle.

Mardi 19 avril 2011, de 11h à 12h30,
Artracaille fera ripaille sur le thème :
Pouvoir de l'art.
Nous lirons tout d'abord un extrait d'un texte de Ralph Dekoninck,
Les pouvoirs de l'image et de l'art, publié en 2002,
dans lequel l'auteur nous transporte,
des origines de la peinture et de la sculpture,
gréco-romaines puis judéo-chrétiennes,
jusqu'aux soi-disant iconoclastes contemporains,
en passant par les artistes narcissiques de la Renaissance.
Pour lui, l'image, et à fortiori l'image artistique,
occupe un espace incertain entre indice et symbole,
entre présentation et représentation, entre opacité et transparence.
À mi-chemin du signe décorporéisé et du corps indicible,
elle ne doit son pouvoir qu'à se maintenir dans cet entre-deux,
riche des deux registres mais orpheline de leur efficacité spécifique.
Réfléchir, dans une perspective anthropologique et phénoménologique,
sur les pouvoirs de l'image artistique, consiste précisément
à analyser la manière dont les oeuvres viennent court-circuiter
cette métaphysique classique de la représentation...
Nous en profiterons pour évoquer des artistes comme Butadès,
auquel Pline attribue l'invention de la sculpture en relief,
Zurbarán, qui questionnait dans chacune de ses peintures
le statut même de la représentation et le pouvoir de l'illusion,
ou encore Sylvie Fleury, la "plasticienne du superflu".




Mardi 26 avril 2011, de 11h à 12h30,
Artracaille fera ripaille sur le thème :
Art contemporain et droit.
Nous lirons tout d'abord un extrait d'un texte de Nathalie Heinich,
Aux frontières du droit, publié en 1998,
dans lequel cette sociologue, spécialiste des arts plastiques,
nous explique que les artistes contemporains contribuent,
parfois à leurs risques et périls, à faire bouger le droit.
Pour elle, la mise à l'épreuve par ceux-ci des règles du droit
s'opère de deux façons : soit en forçant ses praticiens à intervenir,
ce qui fait évoluer la jurisprudence, soit en amenant ses théoriciens
à infléchir leurs catégories pour les adapter aux situations inédites créées.
Lorsqu'un individu quelconque dégrade une oeuvre d'art,
son acte est clairement qualifié par le droit comme vandalisme.
Mais lorsqu'il s'agit d'un artiste, commence l'ambiguïté :
faut-il traiter son acte dans sa littéralité, c'est à dire comme vandalisme,
ou selon l'intention de l'auteur, c'est à dire comme oeuvre d'art ?...
Nous en profiterons pour évoquer des artistes contemporains
comme Pistoletto qui, avec ses compères d'Arte Povera,
promeut le geste créateur plutôt que l'objet fini,
ou Pinoncelli, qui fit parler de lui en urinant dans Fontaine de Duchamp,
avant de lui asséner des coups de marteau et de plaider,
lors du procès pour actes de vandalisme qui lui fut intenté,
qu'il n'avait endommagé qu'une fort banale pissotière,
puisque rendue à sa fonction première par l'acte d'y uriner.

Mardi 3 mai 2011, de 11h à 12h30,
Artracaille fera ripaille sur le thème :
Laisser une trace.
Nous recevrons Véronique de Bure, auteur et éditrice,
qui nous contera son parcours et nous parlera de son dernier opus,
Un retraité, publié chez Stock, dans lequel elle s'imagine (?)
en butineuse désireuse de recueillir de l'ancien Président Jacques Chirac
des confidences sur sa vie nouvelle, depuis sa "sortie" des affaires.
Elle nous dira aussi comment elle réussit la cohabitation
de ses deux pratiques d'un beau métier : le livre.
Nous lirons tout d'abord un extrait d'un texte de Laurent Fabius,
Le Cabinet des douze, publié en 2010 chez Gallimard,
dans lequel l'ancien Premier ministre, avec une étonnante simplicité,
nous confie sa passion récemment assumée pour la peinture,
par le biais de douze oeuvres qui, selon lui,
synthétisent la singularité de la France.
Portrait pétri de puissance, Napoléon 1er empereur
fait voisiner la violence potentielle et le pouvoir absolu.
Il dit l'inaccessibilité de celui qu'il représente.
Jean Auguste Dominique Ingres a peint ici l'antiportrait officiel...
Nous en profiterons pour évoquer des musées nationaux,
le Centre Pompidou, le musée d'Orsay, celui du quai Branly,
qui existent tous par la volonté d'un chef d'État.
Et l'on vérifiera ainsi que, semblant douter que leurs actes politiques
aient un jour une quelconque chance de passer à la postérité,
et tout de même très soucieux de laisser une trace,
les hommes de pouvoir préfèrent s'en remettre à l'art.

Mardi 10 mai 2011, de 11h à 12h30,
Artracaille fera ripaille sur le thème :
Figure et figuratif.
Nous lirons tout d'abord un extrait d'un texte de Gilles Deleuze,
Francis Bacon, logique de la sensation,
publié en 1981 par les Éditions de la Différence,
dans lequel ce mythe vivace de la philosophie,
tout en simplicité et en érudition,
qui fut pour ses élèves un professeur extraordinaire,
critique la thèse selon laquelle, dans la peinture ancienne,
la figuration serait indissociable du sentiment religieux.
La peinture doit arracher la Figure au figuratif.
Mais Bacon invoque deux données qui font
que la peinture ancienne n'a pas avec la figuration,
ou l'illustration, le même rapport que la peinture moderne...
Nous en profiterons pour réactiver nos connaissances
de Bacon, de Giotto, du Greco ou du Tintoret.
Et l'on vérifiera ainsi qu'il est plus qu'indispensable de relativiser
autant la suprématie du figuratif dans la peinture ancienne
que celle de la non-figuration dans la peinture moderne.

Mardi 17 mai 2011, de 11h à 12h30,
Artracaille fera ripaille sur le thème :
Qu'est-ce qu'un artiste ?
Nous lirons tout d'abord un extrait d'une nouvelle de Henry James,
L'Image dans le tapis, publiée pour la première fois en 1896,
dans laquelle le grand écrivain américain, naturalisé britannique
parce qu'il réprouvait l'inertie de son pays face à la Grande guerre,
fait un magistral pied de nez aux critiques, ici littéraires.
Le challenge qui est proposé à ceux-ci est simple :
découvrir le sens caché d'une oeuvre,
et au-delà apprendre des choses fondamentales sur son auteur,
que ce dernier ignore peut-être lui-même.
Un artiste qui ignore qui il est ne sachant déjà pas ce qu'il fait,
comment les critiques peuvent-ils prétendre comprendre son travail ?
Une oeuvre d'art ne saurait avoir un motif unique,
un chef d'oeuvre se limiter à l'époque qui l'a vu naître.
Ne pensez-vous pas qu'il existe pour chaque écrivain
une intention qui le pousse à se donner tout entier à sa tâche,
une intention telle que s'il ne faisait pas l'effort
de chercher à la remplir, il n'écrirait pas une seule ligne ?
C'est le coeur de sa passion, là où pour lui brûle
avec la plus belle intensité la flamme sacrée de la création !...
Le jeune critique ainsi interpellé par l'artiste qu'il admire le plus
se perdra dans la quête de cette intention énigmatique,
dont l'écrivain lui affirme qu'elle est le fil qui relie tous ses livres,
à la fois aussi visible et aussi cachée que le motif d'un tapis.
Et nous évoquerons l'artiste Robert Rauschenberg,
qui ne cessait de questionner le sens et le motif,
puis Fragonard, le peintre virtuose de la "grâce heureuse",
chez lequel on sent parfois percer une menace diffuse.

Mardi 24 mai 2011, de 11h à 12h30,
Artracaille fera ripaille sur le thème :
Expressions nouvelles.
Nous lirons tout d'abord le manifeste du groupe Cobra,
La cause était entendue, publié le 8 novembre 1948,
dans lequel le Danois Asger Jorn, les Belges Dotremont et Noiret,
ainsi que les Néerlandais Karel Appel, Constant et Corneille,
entendent s'opposer à la fois à l'esthétique académique,
au surréalisme intellectualiste et au puritanisme de l'abstraction géométrique.
Ils aspirent à une nouvelle liberté et à de nouvelles expressions artistiques.
Nous avons pu constater, nous, que nos façons de vivre,
de travailler, de sentir étaient communes ;
nous nous entendons sur le plan pratique et nous refusons
de nous embrigader dans une unité théorique artificielle.
Nous travaillons ensemble, nous travaillerons ensemble...
S'ensuivront trois années d'existence très mouvementée,
témoignant d'une activité débordante dans tous les domaines de l'art.
Les peintres et les cinéastes s'adonneront à l'écriture,
les poètes à la peinture et les musiciens aux deux disciplines.
Et l'on verra que, par sa révolte contre toutes les formules théoriques,
Cobra a permis que soit rendu pour un temps caduque
l'antagonisme des notions d'abstraction et de figuration.

Mardi 31 mai 2011, de 11h à 12h30,
Artracaille fera ripaille sur le thème :
Continents peinture écriture.
Nous recevrons les soeurs Jo et Fred Vargas,
à l'occasion de la sortie, aux Éditions de la Différence,
d'un beau livre consacré à la peinture de Jo,
sobrement intitulé Jo Vargas.
Le texte qui accompagne les peintures est signé Hugo Lacroix,
tandis que sa soeur jumelle Fred en a assuré la préface.
Nous en lirons un extrait :
Sur les falaises du continent Peinture,
la dissociation venait de s'accomplir, irrémédiablement.
Je compris. Que Jo était peintre, deviendrait peintre,
qu'elle ferait voler les oiseaux, trembler les roseaux,
fraîchir les eaux, exister les meuniers...
Je compris seulement que le continent Peinture était en Jo,
tout en entier, et qu'elle l'explorerait sans se soucier
d'attacher les cous aux corps et les têtes aux cous...
Et nous évoquerons aussi avec Fred son dernier roman,
L'Armée furieuse, publié aux Éditions Viviane Hamy,
dans lequel Adamsberg sort de sa circonscription
pour enquêter dans un village normand tout en superstitions,
terrorisé par une fratrie sauvage.
Nous demanderons pour finir aux deux soeurs
de nous parler de leur engagement auprès de Cesare Battisti,
incarcéré au Brésil en attente d'une éventuelle extradition.

Mardi 7 juin 2011, de 11h à 12h30,
Artracaille fera ripaille sur le thème :
Universalité de l'art.
Nous lirons tout d'abord un extrait de l'ouvrage publié à l'occasion
de l'exposition organisée par la BnF au musée d'Écouen,
Geoffroy Tory (1480/1533), graphiste avant la lettre,
qui retrace le parcours de cette figure singulière de la Renaissance.
Libraire, imprimeur, relieur, traducteur, éditeur, typographe,
il s'est passionné pour tous les aspects du livre,
et peut être considéré comme un précurseur du livre moderne.
S'il a créé d'extraordinaires alphabets imaginaires,
c'est aussi lui qui a introduit la cédille dans la typographie du français.
En 1524, il obtint pour un livre d'heures le premier copyright
protégeant une réalisation artistique française.
Plus qu'un homme universel, Tory serait un humaniste,
à la recherche de nouvelles formes graphiques pour le livre imprimé.
En transportant la culture humaniste dans les livres d'heures,
il est l'un des premiers à introduire dans l'imprimé
l'esthétique venue d'Italie et déjà diffusée dans certains arts décoratifs.
Avant l'arrivée des artistes de l'école de Fontainebleau,
il apparaît comme un passeur de la Renaissance italienne...
Nous en profiterons pour vous raconter ce que nous savons
de la vie de celui qui joua un rôle majeur dans l'anoblissement,
au bon sens du terme, graphique, de la langue française.

Mardi 14 juin 2011, de 11h à 12h30,
Artracaille fera ripaille sur le thème :
Marchands d'art.
Nous lirons tout d'abord un extrait d'un roman de Martin Suter,
Le dernier des Weynfeldt, publié en 2008 par Christian Bourgois,
dans lequel le talentueux écrivain suisse alémanique,
par le biais des aventures du dernier descendant
d'une riche famille de marchands d'art,
nous initie aux arcanes de ce marché très singulier.
On était à deux lots de la Salamandre et les gens continuaient à entrer.
Le commissaire-priseur dut demander le calme à plusieurs reprises,
pour pouvoir mener correctement la vente des derniers lots avant le Vallotton.
Lorsque deux des auxiliaires élégants apportèrent enfin le tableau
et le montrèrent au public devant l'estrade, la rumeur enfla de nouveau.
Mais dès que le marteau du commissaire-priseur retentit,
un silence de mort s'imposa dans la salle...
Nous en profiterons pour évoquer la figure de Félix Vallotton,
peintre français d'origine suisse, né à Lausanne,
qui nous a laissé de magnifiques gravures sur bois,
inspirées par son esprit libertaire et par la Grande guerre.

Attention... Attention... Attention... Attention... Attention... Attention...
Nous sommes contraints de repousser cette émission au mardi 28 juin !
Mardi 21 juin 2011, de 11h à 12h30,
Artracaille fera ripaille sur le thème :
Réalités nouvelles.
Nous lirons tout d'abord un extrait de
De la sculpture au texte de Juliette Bertron,
une jeune doctorante en histoire de l'art à l'université de Bourgogne,
que nous avions reçue à l'émission le 24 novembre 2009.
Elle travaille sur la parodie dans l'art moderne et l'art contemporain,
et analyse ici Dernière collaboration avec Yves Klein,
de Jean Tinguely, une sculpture qui date de 1988.
Elle l'a choisie pour illustrer la couverture d'un livre de Georges Perec,
Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour ?,
publié chez Gallimard dans la collection Folioplus classiques.
Avec une admirable limpidité dont vous pourrez juger,
Juliette nous dit que l'utilisation d'objets quotidiens
permet de rompre la barrière entre l'art et la vie.
Ces roues qui tournent comme des folles et répètent toujours
la même parade symbolisent l'absurdité et l'inutilité de l'existence.
Motif très récurrent chez Tinguely, la roue est érigée en objet fétiche.
Elle incarne toute l'ambiguïté de ses machines, portant en elle
à la fois la répétition dénuée de sens et d'objectif
et un élan de vie optimiste, la possibilité d'une évasion,
un moyen trouvé pour lutter contre la pétrification et la mort...
Et nous en profiterons pour évoquer des artistes
comme Jacques Villeglé ou Mimmo Rotella,
qui ont emprunté des chemins à la fois parallèles et distincts
de ceux suivis par les Nouveaux réalistes.

Mardi 13 septembre 2011, de 11h à 12h30,
Artracaille fera ripaille sur le thème :
Pulsion de mort.
Nous recevrons Colette Lambrichs,
directrice des Éditions de la Différence,
et Claude Mineraud, auteur de l'ouvrage au vitriol
Un terrorisme planétaire Le capitalisme financier,
qui sort en librairie le 15 septembre.
Il y dénonce un capitalisme financier dévergondé
qui lui semble, par ses déviances, ses turpitudes, sa barbarie,
et au bout du compte sa sottise, dissimuler une pulsion de mort.
Le libéralisme ne vient-il pas de faire la preuve,
au cours de ces trois dernières années,
qu'il avait largement commencé une course à l'abîme
désormais étendue à l'échelle de la planète entière ?
De nouveaux scandales financiers
ne vont-ils pas prochainement déchaîner la tempête,
tant la mer est démontée et le système à bout de souffle ?
Nous en lirons de larges extraits,
et nous verrons que le capitalisme n'a plus aucun objectif
ni aucune rationalité qui ne répondent d'abord
au terrorisme du court-terme : il est, en fait,
privé de la moindre intelligence prospective.
Nous verrons aussi, pour finir,
que les artistes eux-mêmes, rebelles par définition,
sont désormais soumis à la déferlante de l'argent
ou rejetés par elle, s'ils ne suivent pas
les rails de la conformité.

Mardi 20 septembre 2011, de 11h à 12h30,
Artracaille fera ripaille sur le thème :
Antidote du vrai.
La semaine dernière, nous recevions Claude Mineraud,
pour son livre Un terrorisme planétaire le capitalisme financier,
publié ce mois-ci aux éditions de La Différence.
Il nous a confié le choc que fut, pour le jeune homme qu’il était,
la lecture de La Naissance de la tragédie, de Friedrich Nietzsche.
Celui-ci percevait l’art comme ce qu’il y a de plus essentiel à la vie,
dans la mesure où il est le parfait antidote de la science.
Pour lui, l’artiste n’est pas seulement celui qui s’adonne aux beaux-arts,
mais toute femme ou tout homme qui cherche à produire l’illusion.
Nous avons l’art, écrivait-il avec force, afin de ne pas mourir de la vérité...
Nous en lirons un jubilatoire extrait :
Nous éprouvons une jouissance à comprendre directement les formes ;
toutes nous parlent ; nous n'y trouvons rien d'indifférent ni de superflu.
Pourtant, même quand cette réalité de rêve atteint sa perfection,
nous éprouvons le sentiment confus qu'elle est apparence...
Un esprit philosophique a même le pressentiment que,
sous la réalité où nous vivons, il en existe une autre, cachée,
et donc que notre réalité aussi est une apparence...
Puis nous évoquerons Francisco Goya (1746-1828),
qui apparaît aujourd'hui, par ses plongées dans l'inconscient
et ses arrière-pensées hardiment sociales,
comme l'un des fondateurs de la peinture moderne.

Mardi 27 septembre 2011, de 11h à 12h30,
Artracaille fera ripaille sur le thème :
La Verte Érin.
Nous lirons tout d'abord un extrait
d'une chronique éponyme de Maupassant,
dans lequel le grand écrivain naturaliste,
qui ne dédaignait pas s'aventurer du côté du fantastique,
s'en prend à l'Irlande avec un art qui verse parfois
dans une caricature fleurant bon son XIXè siècle.
Or voilà qu’aujourd’hui l’Irlande s’agite de nouveau.
Ce peuple que l’Anglais jadis a déclaré être le dernier des peuples,
indigne de la liberté et incapable de l’obtenir,
est las encore une fois de demeurer éternellement si misérable...
La révolte est organisée à la moderne,
méthodiquement, comme les grèves d’ouvriers.
Des hommes considérables marchent avec le peuple.
S’ils échouent cette fois encore, ils réussiront la prochaine fois...
Puis nous évoquerons la Grande Famine,
qui décima l'Irlande entre 1845 et 1851.
De récentes estimations font état d'un million de morts,
victimes de la politique impériale britannique :
pendant que, partout sur l'île, des familles mouraient de faim,
des convois gorgés de nourriture la quittaient pour l'Angleterre,
sous la bienveillante protection de l'armée.
La conséquence en fut une émigration massive,
la population irlandaise baissant de 25% en dix ans...

Attention... Attention... Attention...
Mardi 4 octobre 2011, de 11h à 12h30,
Artracaille ne fera pas ripaille.
Robert et Jean sont de jury au CNOUS,
pour le concours national de BD.
Retour le 11 octobre...

Mardi 11 octobre 2011, de 11h à 12h30,
Artracaille fera ripaille sur le thème :
L'expression artistique.
Nous recevrons Juliette, Rüveyda et Raoul, de l'association
Atelier aux Lilas pour la typographie et l'estampe.
L'association a été créée en 2006,
dans le but d'ouvrir à des artistes professionnels
un atelier dédié aux métiers de l'estampe.
Cet atelier, cogéré, ne fournit pas les consommables.
Mais il met à la disposition des artistes presses et langes,
acides et bacs, boîtes à résine, buvards et salle de séchage,
équipements de sérigraphie et typographie,
labo photo argentique, et même un coin cuisine.
Nous lirons tout d'abord un extrait
d'un essai de Erwin Panofsky (1892-1968),
L'œuvre d'art et ses significations,
publié depuis 1969 par les éditions Gallimard,
dans lequel l'auteur expose les difficultés
que rencontre l'entreprise iconologique.
Toujours une œuvre d'art possède une signification esthétique
(à ne pas confondre avec la valeur esthétique) :
qu'elle ait ou non servi une intention pratique,
et qu'elle soit bonne ou mauvaise,
elle demande à être esthétiquement perçue...

Mardi 18 octobre 2011, de 11h à 12h30,
Artracaille fera ripaille sur le thème :
Purée d'urisme.
Nous lirons tout d'abord un extrait
d'un essai de Le Corbusier (1887-1965),
Manière de penser l'urbanisme,
publié en 1946 et réédité en 2001 par Denoël,
dans lequel l'architecte n'hésite pas à indiquer les moyens
de transformer les rues, aménager zones de stationnement
ou encore espaces verts, mais également de remédier
à la crise endémique du logement, pour parvenir enfin à l'établissement
des cités radieuses que l'homme contemporain appelle de ses vœux :
Les techniques ont élargi le champ de la poésie.
Elles n'ont point refermé les horizons,
tué les espaces et mis les poètes en Bastille.
Elles ont, par la précision des outils de mesure,
ouvert fantastiquement les espaces devant nous -
et par conséquent le rêve : les mondes stellaires
et les profondeurs vertigineuses de la vie sur notre terre...
Et nous en profiterons pour évoquer Le Corbusier,
puis Amédée Ozenfant, qui l'aida par ses textes et sa peinture
à développer le purisme, censé succéder au cubisme.

Mardi 25 octobre 2011, de 11h à 12h30,
Artracaille fera ripaille sur le thème :
La Bouse, c'est quoi t'est-ce donc ?
Nous écouterons l'interview,
dans son petit jardin de Saint-Amand-en Puisaye,
de Carolo, sculpteur sur bouse.
Elle vit et travaille
dans ce petit village de la Nièvre, rue des Potiers.
Originaire de Franche-Comté,
elle revendique son statut d'artiste autodidacte.
Formée aux petits métiers de la montagne
dans l'atelier de ses parents, ouvriers tabletiers...
Qui transforment la corne de vache en bijoux,
figurines animales, peignes,
et autres objets utiles ou de décoration.
Sa pratique est unique en France,
et probablement en Europe.
Car si la bouse de vache a autrefois
été utilisée pour le chauffage ou la construction,
elle ne l'a jamais été en sculpture.
Au-delà de la curiosité,
ses pièces sont de véritables œuvres d'art.
Que vous pouvez voir sur les marchés de la création
de Paris-Bastille, boulevard Richard-Lenoir,
et Paris-Montparnasse, boulevard Edgard-Quinet,
pour l'un le samedi, pour l'autre le dimanche.

Mardi 1 novembre 2011, de 11h à 12h30,
Artracaille fera ripaille sur le thème :
Le jour des morts.
Nous recevrons Kristin et Raoul,
de l'Association pour l'estampe et l'art populaire,
fondée par ces deux artistes en 2000 dans le but
d'impulser une mouvance artistique axée sur l'estampe,
sans exclure d'autres formes d'expression visuelle.
Ils ont spécialement aménagé leur atelier
pour mettre en valeur le travail d'autres artistes,
par le biais de manifestations annuelles,
au printemps et en automne.
Ainsi Le jour des morts... à Paris,
une exposition de calaveras françaises,
qui a démarré ce samedi et s'achèvera le 6 novembre.
Les calaveras, inventées au 19e siècle par des affichistes mexicains,
représentent des personnes existantes sous forme de squelettes.
Elles sont surtout utilisées dans un but de dérision.
Et nous en profiterons pour évoquer le Daumier Mexicain,
José Guadalupe Posada (1852/1913),
auquel son ironie valut nombre de séjours en prison.

Mardi 8 novembre 2011, de 11h à 12h30,
Artracaille fera ripaille sur le thème :
Tenue de camouflage.
Nous lirons tout d'abord un extrait d'un roman
de Arturo Pérez-Reverte,
Le Tableau du maître flamand,
récompensé lors de sa sortie en France en 1993
par le Grand Prix de littérature policière,
et dans lequel l'écrivain espagnol mélange, avec habileté,
histoire, peinture et logique mathématique du jeu d'échecs,
pour mieux nous perdre dans les méandres de son intrigue.
Elle s'arrêta devant la peinture, l'observa longuement.
C'était une scène domestique,
peinte avec le réalisme minutieux des Quattrocentistes ;
une scène d'intérieur, de celles avec lesquelles
les grands maîtres flamands avaient jeté
les bases de la peinture moderne, grâce à l'innovation
qu'avait constituée à l'époque la peinture à l'huile...
Nous en profiterons pour évoquer la figure de Pieter Huys,
un mystérieux peintre flamand qui a inspiré Pérez-Reverte,
et dont il ne subsiste qu'une douzaine de tableaux,
aux attributions de plus sujettes à caution,
l'artiste n'ayant ni daté ni signé toutes ses œuvres.

Mardi 15 novembre 2011, de 11h à 12h30,
Artracaille fera ripaille sur le thème :
Création, re-création, plagiat.
Nous lirons tout d'abord un extrait d'un essai
de Hélène Maurel-Indart,
Plagiats, les coulisses de l'écriture,
publié en 2007 par les éditions de la Différence,
dans lequel l'auteur, sans jamais faire de procès d'intention,
et au-delà des cas de falsification ou de contrefaçon,
observe la gestation de l'œuvre et sa divulgation.
L'illusion du chef d'œuvre encore inconnu survit,
alors même que le livre est devenu
un produit de consommation comme les autres,
soumis aux exigences du marché.
Concrètement, se multiplient des pratiques d'écriture
très éloignées d'un travail de création personnel,
à la fois patient et passionné...
Nous en profiterons pour évoquer, sans jamais juger,
les procès pour plagiat intentés à Henri Troyat,
au groupe The Verve, ainsi qu'aux auteurs et producteurs
du film Séraphine, récompensé par sept beaux Césars.
L'illustration musicale de cette émission
opposera Bob Dylan à Donovan, les Kinks aux Doors,
les Chiffons à George Harrison, Petula Clark à Serge Lama,
ainsi que Chuck Berry à... Chuck Berry.